24 oct. 2012

[Stratégies] Épisode II - Le raisonnement stratégique






Les étapes du raisonnement stratégique


La prise de décision stratégique produit une orientation de la partie sans retour arrière. Aux échecs, c’est par exemple la rupture du centre, le lancement d’une attaque sur le roque. Documenter de telles décisions semble complexe, et d’ailleurs, ce n’est pas le sujet le plus fourni en littérature ludique, où l’on préfère multiplier (dans tous les jeux) les catalogues d’ouverture, puis l’étude des phases finales. Pourtant, le choix stratégique représente la cinquième et dernière étape, la plus simple d’ailleurs, d’un processus de décision quasi-immuable que voici.





  • 1/ Identification d’un moment-clé
  • 2/ Évaluation de la position 
  • 3/ L’analyse conjoncturelle 
  • 4/ Scénarios d’exposition au risque 
  • 5/ Décision




1/ Identification d’un moment-clé

Plusieurs indicateurs (que je ne détaillerai pas ici) annoncent le moment d’un choix, d’une orientation de partie sans retour arrière envisageable. Bien sûr, tous les coups ne sont pas stratégiques, loin de là !
Selon la discipline concernée, il y existe deux, trois ou quatre moments-clés.



2/ L’évaluation statique et dynamique de la position

  • Au go : décompte des points de territoire et estimation de la valeur d’influence. Une discipline tout à fait abordable à niveau intermédiaire.
  • Aux échecs, au xiang qi, appréhension des trois dimensions stratégiques : matérielle, spatiale, temporelle. C’est assez difficile et demande pas mal d’expérience. Le problème de la valeur infinie du roi interdit une évaluation quantitative purement matérielle.
  • À Mémoire 44 : d’abord le score, affiné par une approche échiquéenne.
  • Au poker : chip count, facteur M, tapis moyen à la table, tapis moyen du tournoi, etc. Autant d’indicateurs essentiels bien connus de la plupart des joueurs réguliers.
  • À Othello, au Shogi : ces systèmes posent un problème, où l’évaluation s’avèrera très difficile, car les indicateurs ne sont pas facilement quantifiables.


3/ L’analyse conjoncturelle

Un terme cher à Dai Junfu pour désigner la quantification d’une avance, d’un retard, issu de la première étape.
Mais puisque l’on parle de quantité, dans quelle unité s’exprime-t-elle ? Si on appréhende volontiers le comptage des points au go et des jetons au poker, quid de l’estimation d’une avance positionnelle ou temporelle ou échecs ? Même l’estimation matérielle, très réductrice, prête à débats, en particulier parce que le roi des échecs et les généraux du shogi et du xiang qi ont une valeur potentielle infinie, valeur qui altère fortement toute tentative de quantification simpliste.
D’un jeu à l’autre, cette analyse peut représenter une science exacte ou un feeling finalement tout à fait subjectif.

Cette étape dépend intégralement de connaissances théoriques : faut-il prendre des risques ou consolider lorsqu’on est en avance, lorsqu’on est en retard ?
Y a-t-il d’autres paramètres ?



4/ Le niveau adapté d’exposition au risque

Voici l’objet principal de cette étude, et nous verrons que les théories en vigueur dans les domaines de l’économie de marché et de la finance, très en avance sur la plupart des modèles ludiques, vont apporter de nouvelles réponses. C'est à ce stade qu'on évalue les scénarios tactiques de mise en oeuvre d'un choix stratégique. Recherche des leviers de profit, calculs et créativité, évaluation de l'incertitude. Acceptation de l'incertitude.


5/ Le choix

  • L’étape du choix stratégique est la plus simple.

C’est Dai Junfu qui l’a démontré le mieux je pense. Elle devient limpide lorsque les quatre premières étapes sont traitées avec rigueur. C’est en tout cas son objectif didactique : amener les joueurs (de tous niveaux) à des choix rapides, sains et univoques, moyennant toutefois une démarche rigoureuse.
La troisième section de Xiang qi, l’univers des échecs chinois porte aussi sur les milieux de partie, c’est la phase qui concentre 90% de la réflexion stratégique. Elle a été saluée pour la même raison, comme en témoigne Almira Skripchenko : « Ce livre fera des envieux parmi les joueurs d’échecs, qui aimeraient bien avoir le même ! »
Et la lumière fut !


D’étonnantes disparités entre les jeux

Chacune des cinq étapes du processus peut s’avérer très simple, ou très difficile, selon les jeux (je détaillerai ce processus plus tard dans l’étude, sur un panel de plusieurs échantillons). Par exemple, si l’évaluation et la quantification sont très faciles à établir au poker, l’exposition au risque sera, comme nous le verrons, d’une incroyable richesse. Inversement, les deux premières étapes sont plus difficiles au go, et vraiment très ardues dans les jeux d’échecs, alors que l’exposition au risque sera – étonnamment ? – vraiment plus facile.


L'évaluation de position...

... est une étape nécessaire à toute stratégie.






Sur la base de cette étude, Praxeo anime une conférence à l'AGILE TOUR 2012, à Paris le 20 novembre et à Montpellier le 29 novembre, sur le thème
"La stratégie du Product Owner".







1 commentaire:

  1. En jeu de GO, à mon avis, la défaite la plus lourde n'est pas d'être massacré, mais c'est de ne pas avoir de la chance de se battre pour la victoire.
    Il existe des stratégies de mettre l'adversaire dans la toile de araignée, et puis on peut faire ce qu'on veux pour le torturer.
    Ce genre de stratégie est montré dans le "CHUBAN", et je viens de la réutilisé dans le final du Paris meijin.

    Junfu DAI

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